Non, on ne se connait pas ! [PV Ravi]

C'est une journée banale qui s'annonce. Loin de la guerre, du danger et de la domination, Bran peut presque dire s'ennuyer. Presque. Comment regretter une vie sans avenir ? Même s'il sait être mieux ici qu'à Winterfell, c'est quelque part injuste pour les proches qu'il lui reste. Pourtant, l'enfant ne perd pas l'espoir qu'un membre de sa famille parvienne jusqu'ici, que ce soit mort ou vif. Après tout, sa tutrice est bien revenue d'entre les morts. Alors pourquoi pas eux ? Bran a assez vécu, pour savoir que dans la vie, rien n'est définitif. A part peut-être ses jambes.

Une opération ne peut être financée pour le moment. Avec la perte des récoltes du district 5, le budget est en déficit. Malgré les arguments de sa tutrice, Nathan Petrelli a refusé de répondre favorablement. Bran n'a rien rétorqué, il comprend. Bien placé pour savoir qu'il faut faire passer le peuple avant les requêtes personnelles, Bran espère pouvoir apporter son aide d'une quelconque manière. A Winterfell, son mestre lui a fait comprendre que ce n'est pas parce qu'il ne tient plus sur ses deux jambes que son avenir est terminé. Buté, il a mit du temps mais accepte maintenant son sort. Robb partit, il a prit la charge de Winterfell. Avant que tout ne dérape, l'enfant considère s'être bien débrouillé. Stratège, agissant avec sagesse, il avait su gérer ce qui lui a été confié. Du moins avant que la guerre n'éclate au sein de la citée.

Mais ici, il est loin de ses terres, et ce n'est pas un enfant qui prendra le commandement. Ce qui n'est pas une raison pour se désintéressé de ce qu'il passe. Pour pouvoir aider, encore faut-il comprendre comment le monde fonctionne. Profitant qu'Ella soit retournée au Centre d'Identification, Bran c'est rendu lui même au premier district avec l'intention d'obtenir un rendez vous avec des personnes du centre de recherches. Il veut voir de près les travaux sur l'analyse des failles. Bran compte bien faire jouer ses relations pour obtenir ce qu'il veut. Avoir Nathan Petrelli, le dirigeant du monde, dans ses proches, n'est pas un argument à omettre.

Près du centre de recherche, chaque personne à l'air pressé comme si ralentir le pas allait mettre en danger la vie de quelqu'un. C'est peut-être le cas. Assit dans son fauteuil roulant, il les observe un moment, le regard toujours aussi indéchiffrable. Depuis son accident, l'enfant est devenu bien trop inexpressif. Etre handicapé peut rendre aigrit, il est bien forcé de le constater. Et encore, depuis, il a fait des efforts. Jouant avec les roues du fauteuil, il se déplace comme il le peut. C'est non loin du centre que la roue de gauche se coince dans une petite crevasse sur le trottoir. Il manque de tomber par terre mais se retient comme il peut. Malgré ses efforts, la roues refusent de céder. Frustré, Bran se retient d'exprimer sa frustration et fait taire ses grognements.

Puisque personne ne semble le remarquer, il n'y a qu'un moyen pour le tirer de ce mauvais pas. Fermant les yeux, il se concentre, vidant son esprit. Losqu'il rouvre ses paupières, ses prunelles sont devenues complètement blanches. Utilisant son pouvoir de zoman, il prend possession de l'esprit de la première personne qu'il trouve, à savoir un chercheur qui sort justement du centre.

Prenant possession de ce corps, il sent ses muscles se détendre, comme pourvu d'une nouvelle vie et surtout, d'une nouvelle agilité. Bran doit prendre sur lui pour ne pas s'agiter et se mettre à courir et crier. Inutile de gâcher la réputation de l'inconnu. Le jeune Stark sait qu'il ne doit pas se servir de son don à des fins personnels, mais parfois, son petit penchant à enfreindre les règles refait surface. Il utilise le corps du médecin pour le déplacer jusqu'à son corps d'origine, en état de transe. S'emparant des poignets du fauteuil, il puise dans ses forces pour qu'il redresse la chaise roulante, loin de la crevasse. Ayant obtenu ce qu'il voulait, Bran lui rend donc son esprit, pour qu'il soit maître de lui même. Ne niant pas réellement ce qu'il vient de faire, il lui adresse un vague signe de tête.

« Merci. »

Et aucune autre explications. De toute façon, il ne ait pas quoi expliquer.

Non mais c'est quoi ça ? Une blague ? Bran est prit d'un mouvement de recule sur son fauteuil alors que l'homme le regarde, avec la bouche grande ouverte et un air ahuri. Non seulement ce n'est pas respectueux, mais en plus, ça le met grandement mal à l'aise. Quoi à la fin ? Il y a un problème avec son visage ? D'accord, il vient d'une époque moins moderne, mais Bran c'est habitué à la technologie d'aujourd'hui et même ses vêtements sont d'une époque normale. Loin du froid de Winterfell, les premiers jours, il avait l'impression d'être habillé comme un clown. Mais aujourd'hui, si on oublie son infirmité, il est plutôt passe-partout. L'enfant fronce les sourcils. Ses lèvres se plissent à mesure que l'homme l'observe comme une bête de foire.

« Hmmm ? Vous ne seriez pas un patient déguisé en médecin ? »

La question est un peu stupide, ici c'est le centre de recherche, pas l'hôpital. Mais il faut dire que le comportement de l'inconnu sort de l'ordinaire. Vous avez déjà vu quelqu'un vous regarder comme ça, vous ?

La part d'ombre commence tout de même à se lever, lorsque le scientifique lui demande s'il est bien Brandon Stark. Ses roues reculent de quelques centimètres, prenant une distance raisonnable avec lui. Il l'observe un instant, toujours aussi impassible. S'il est perturbé par la demande, ses émotions ne le montrent pas. Pour connaître son identité, cet homme doit forcément avoir un don. Prophète ? Shaman ? Lui aussi possède le troisième œil ? Bran ne serait pas contre rencontrer une personne avec des capacités similaires aux siennes.

« Oui. Je suis Bran. » finit-il par acquiescer après un moment de silence. « Et vous ? Vous m'avez déjà vu en prémonition ? En rêve ? Vous êtes une sorte de prophète ? »

Peut-être que son don est de reconnaître la présence de personnes comme lui ? C'est sans doute un cas très intéressant. L'individu se présente à son tour, et c'est finalement Bran qui le regarde avec une expression hallucinée, quittant temporairement son air neutre.

« Dr. Death ? …. Est-ce que vous faites revenir les morts à la vie ? »

Involontairement, sa voix est étranglée, mais pleine d'espoirs. Est-ce que quelqu'un pourrait mettre un terme à son cauchemar et lui faire revenir sa famille ? Après tout, rien n'est impossible ici. Sa colocataire est elle même une personne décédée revenue parmi les vivants.

Néanmoins, Bran se reprend rapidement et se racle la gorge pour garder contenance. Puisque Ravi semble le connaître et être …. empathique à lui, autant continuer sur sa lancée et expliquer les raisons de sa venue ici.

« Vous travaillez au centre de recherches ? Je voudrais en savoir plus sur les failles … Vous savez, pour mieux comprendre le système de ce monde. Il vaut mieux savoir dans quoi on met les pieds, n'est-ce pas ? »

« Ca s’appelle la télévision. » fait Bran avec un regard perplexe et blasé lorsque le docteur lui parle d’une machine. Il est là depuis assez longtemps pour connaître la technologie actuelle, surtout quand sa tutrice le laisse devant la télé quand elle a la flemme de s’occuper de lui. Même si Bran préfère largement les livres.

Ca reste tout de même passionnant de voir les scènes fantasy joué par des acteurs. A chaque fois, il regarde la bouche ouverte, fasciné. Cependant, le garçon a du mal à comprendre comment il a pu le voir dans une télévision. Encore un mystère de ce monde, qu’il ne comprend pas. Il ne cherche d’ailleurs pas à le comprendre, certaines choses sont hors de portées et doivent garder une part de mystère.

« Ca veut dire que d’autres personnes m’ont vu à la télévision et connaissent ma vie ? C’est … Troublant. » Son air grave le dévisage, mais finalement, un des rares sourires depuis qu’il est paralysé, apparait sur son visage. « Mais c’est aussi génial !! »

Après tout, il a toujours aimé ce qui est surnaturel. Ce monde, ce n’est que du bonus, et il compte bien en profiter. Soudainement, une idée lui vient à l’esprit.

« Mais du coup … Vous pouvez aussi me parler de mes ennemis ? Les Bolton ! »

Les Lannister aussi, mais pour le moment, autant se concentrer vers les plus proches. Certes, il n’est plus dans le nord, et même plus dans le Monde, mais lorsqu’il reviendra … Autant avoir toutes les informations possibles. C’est ça être stratège.

« Je vais l’écraser et lui faire payer ce qu’il a fait à mon frère ! » fait-il la voix amère, la mâchoire serrée. Ses yeux brillent, son cerveau bouillonne d’idées. Si les gens ici le connaissent, alors il peut en profiter pour en savoir le plus possible sur les personnalités qu’il retrouve dans son monde. Plus que du bonus, c’est au final une occasion en or pour lui.

« Laisse tomber les failles Ravi ! Je peux te tutoyer ? » Dans son monde, il est très rare de tutoyer les autres, si au départ il avait du mal, maintenant il trouve ça drôlement amusant.

« Je crois que tu as beaucoup de choses à me raconter. Je veux tout savoir ! Tout ce que tu sais sur mon monde qui pourrait m’aider. » L’enfant sent déjà l’excitation le gagner, lui qui est resté aigrit pendant si longtemps semble redevenir le petit aventurier qu’il était. « Et pas seulement ! Je veux aussi tout connaître de ton monde ! Allons s’installer quelque part, tu veux bien ? »

Il lui attrape les mains.

« Je suis sûr que tu peux influencer l’avenir de Westeros ! »